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LE SECOND COMBAT

si c’est Keu qui porta ce sang dans mon lit ! Voyez, fit-elle à Lancelot qui était venu avec le roi, pour quelle femme on me tient et de quoi l’on m’accuse !

— Dame, dit celui-ci, il n’y a au monde chevalier contre qui je ne vous en défende.

— Si vous l’osez nier, je suis tout prêt à le prouver contre vous ! s’écria Méléagant.

— Comment ? Êtes-vous donc déjà guéri des plaies que je vous fis hier ?

— Je n’ai plaie, dit Méléagant, qui puisse m’empêcher de soutenir le droit.

— Dieu m’aide ! dit Lancelot, puisqu’il vous en faut encore, allez vous faire armer !

Bientôt les deux chevaliers se trouvèrent sur la place, et le roi avec eux.

— Sire, dit Lancelot, une bataille pour une si haute chose ne saurait être faite sans serment.

Le roi fit apporter les meilleures reliques qu’on put trouver, et tous deux se mirent à genoux.

— Par Dieu et par tous les saints, dit Méléagant, c’est le sang de Keu le sénéchal que je vis au lit de la reine !

— Par Dieu et par tous les saints, dit Lancelot, vous en êtes parjure !

Alors ils enfourchèrent leurs destriers et laissèrent courre : leurs lances se brisèrent, et ils se heurtèrent de leurs chevaux, de leurs