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LE CHEVALIER À LA CHARRETTE

salle et il remit une lettre à la reine, qui pria le roi de la faire lire par un de ses clercs. Et la lettre était du roi Artus, qui la saluait et lui mandait qu’elle revînt avec monseigneur Gauvain et toute sa compagnie, et qu’elle n’attendît pas Lancelot, car il était arrivé sain et sauf à Camaaloth. Grande fut la joie de tout le monde en entendant ces nouvelles, et le visage de la reine, de très pâle qu’il était, devint couleur de rose. Dès l’aube, elle se mit en route avec ceux du royaume de Logres que Lancelot avait délivrés en même temps qu’elle. Le roi Baudemagu les escorta jusqu’aux limites de sa terre ; et là, il les recommanda à Dieu, tandis que messire Gauvain et Keu le sénéchal lui promettaient de le servir comme leur seigneur, et que la reine lui jetait ses deux bras au cou.

Lorsque le roi Artus apprit qu’elle approchait de Camaaloth, il vint au-devant d’elle avec toute sa maison. Et d’abord il lui donna un baiser, puis courut à monseigneur Gauvain et à Keu le sénéchal et demanda des nouvelles de Lancelot.

— Sire, vous en avez de meilleures que nous.

— Par ma foi, je ne l’ai pas vu depuis le jour qu’il occit Karadoc le Grand, seigneur de la Tour Douloureuse !

La reine comprit qu’elle avait été trompée par de fausses lettres : elle frémit de tout son