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LANCELOT DÉLIVRÉ PAR AMOUR

sonnier de sa tour, et, comme le sénéchal n’était pas souvent à la maison, Lancelot mangeait en compagnie de cette femme, qui ne tarda pas à s’éprendre d’amour pour lui. Quand le jour fixé pour le tournoi approcha, elle remarqua qu’il perdait son appétit et qu’il était de plus en plus pensif, ce qui, au reste, lui seyait fort bien et empirait encore la dame. En vain, elle lui demandait ce qu’il avait ; il ne voulait rien dire. Enfin, il avoua qu’il mourait d’envie d’aller au tournoi.

— Lancelot, dit la dame, ne devriez-vous pas avoir beaucoup de reconnaissance à qui ferait tant que vous y fussiez ? Si vous m’accordez un don, je vous baillerai des armes et un cheval et je vous laisserai sortir sur parole.

— Ha ! dame, je vous l’octroie volontiers !

— Eh bien, savez-vous ce que vous m’avez donné ? C’est votre amour.

— Dame, répondit-il avec embarras, je vous donnerai d’amour tout ce que j’en peux accorder.

Elle pensa qu’il était un peu intimidé, mais qu’à son retour, il ne saurait manquer d’être tout à elle. Aussi, au jour dit, après qu’il eut fait le serment de revenir sans faute à la fin du tournoi, elle l’arma de ses mains, et il partit.