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Page:Boulenger - Romans de la table ronde III, 1922.djvu/85

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TRANSLATION DU CORPS

Lancelot revint à la grille, et d’abord il prit la tombe à deux mains et la leva d’un si grand effort que le corps lui sua, que le sang lui sortit du nez et que pour un peu plus il se fût tout rompu. Pourtant, la douleur qu’il avait eue à cela n’était rien auprès de celle qu’il sentit quand il aperçut le corps de son ami. En pleurant, il prit Galehaut dans ses bras et le coucha dans une bière qu’il recouvrit de la plus riche étoffe qu’on pût trouver dans l’abbaye ; puis il fit placer le cercueil sur une litière portée par deux palefrois. Et il demanda aux moines d’escorter le bon seigneur, à quoi ils y consentirent, bien qu’ils fussent très dolents de se voir enlever le corps.

Lorsqu’ils furent partis, Lancelot revint à Saraide.

— Demoiselle, lui dit-il, je vous demande de porter à Bohor cette épée qui fut à monseigneur Galehaut ; vous lui direz qu’il la ceigne de par moi, car elle est bonne et belle, et aussi qu’un chevalier n’accroît point sa gloire à demeurer trop longtemps en un lieu.

La pucelle répondit qu’elle ferait volontiers le message, et Lancelot, après l’avoir recommandée à Dieu, rejoignit le cortège qui accompagnait le corps de son ami. Et il le convoya, plaignant et pleurant sans cesse, jusqu’à la Joyeuse Garde.

Là, une très vieille dame lui dit qu’il y avait,