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Page:Boulenger - Romans de la table ronde III, 1922.djvu/84

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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

lui, il se mit à frapper ses poings l’un contre l’autre, à égratigner son visage au point d’en faire jaillir le sang, à s’arracher les cheveux, à se frapper la face à grands coups, et à pleurer amèrement, maudissant l’heure où il était né, puisqu’un si prud’homme était mort pour lui ; enfin il courut chercher son épée, décidé à s’occire.

Mais, comme il sortait de l’église, il vit une pucelle qui arrivait au galop d’une mule fauve qu’elle fouettait à grands coups.

— Qu’est-ce ? et où allez-vous ainsi ? cria-t-elle.

Et comme Lancelot ne répondit mot :

— Par ce que vous avez de plus cher au monde, arrêtez ! reprit-elle en écartant son voile. Ne voyez-vous pas qui je suis ? Écoutez ce que madame vous mande.

Alors Lancelot reconnut Saraide, la pucelle de la Dame du Lac.

— Madame a été huit jours malade, car elle avait trouvé dans ses sorts que, sitôt que vous auriez découvert la tombe de Galehaut, vous seriez en grand danger de vous tuer si vous n’en étiez détourné : aussi m’envoya-t-elle en grande hâte. Sachez que vous devez faire porter le corps au château de la Joyeuse Garde, pour qu’il soit mis dans le tombeau où vous avez vu votre nom écrit, et où vous serez vous-même enterré. De par madame, retournez dans l’église maintenant et dites aux moines votre volonté.