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Page:Boulenger - Romans de la table ronde IV, 1923.djvu/126

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LA CHAMBRE AUX IMAGES

comme celui qui n’ose découvrir son cœur. Mais, après l’assemblée de Galore, il se lia avec Galehaut, le fils de la belle géante, dont il fit la paix avec vous, comme le montre l’image que voici. Galehaut s’aperçut qu’il avait perdu le boire et le manger tant il aimait sa dame, et il pria tant la reine qu’elle se donna à Lancelot : elle fut saisie d’amour par un baiser ; cette peinture-ci fait voir comment.

— Assez ! Je n’en demande pas plus. J’aperçois ma honte et la trahison de Lancelot. Qui a fait ces images ?

— Lancelot lui-même, de sa main, dit Morgane.

Et elle conta comment elle l’avait retenu en prison durant un an et demi, et qu’il s’était enfui en brisant les barreaux avec la force d’un diable, dit-elle, plus que d’un homme.

Le roi cependant regardait les peintures.

— Mon neveu Agravain, murmura-t-il enfin, m’a dit cela l’autre jour, mais je ne l’en ai point cru. Si Lancelot me honnit avec ma femme, je ferai tant que je les prendrai sur le fait, et alors je tirerai d’eux une telle vengeance qu’à toujours on en parlera, ou bien je ne porterai plus jamais couronne !

— Si vous ne vengiez votre honte, Dieu et le monde devraient vous mépriser, répondit Morgane.

Durant les sept jours que le roi demeura