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ÉCLAIRCISSEMENT

Lot, on ne saurait admettre ses conclusions ; M. Albert Pauphilet, au reste, qui a fait paraître, il y a deux ans, la plus intéressante étude sur la « Quête du Saint Graal »[1], les repousse déjà implicitement. Pour démontrer sa thèse, M. Lot remarque :

1o Que certains épisodes, certaines « entrées » sont préparés de très longue main. Mais un plus grand nombre ne le sont pas du tout ; certaines « amorces » d’autre part n’aboutissent à rien ; et c’est une singulière exagération que de présenter le Lancelot comme une histoire dont les ficelles sont aussi habilement agencées que celles d’un drame de Scribe ou de Sardou !

2o Que la chronologie des faits contés dans le roman est d’un bout à l’autre soigneusement suivie. En fait, elle ne l’est que dans certaines parties.

3o Que le plan est d’une grande unité. Cela encore, c’est fort exagéré. M. Lot, d’ailleurs, relève lui-même un bon nombre de contradictions vraiment cruciales et l’on en pourrait ajouter d’autres qui sont presque aussi graves : en somme, sur quelques-uns des points les plus essentiels de l’histoire (le siège périlleux, le gardien et le château du Graal, la Table ronde, les généalogies, les charrettes déshonorantes, etc.), le roman flotte et ses diverses parties se contredisent parfois, s’accordent mal souvent.

  1. Études sur la Queste del Saint Graal attribuée à Gautier Map (Paris, Champion, 1921).