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LE SAINT GRAAL

tous les médecins et maîtres de physique, jusqu’à ce que l’un d’eux nous dît enfin que, si nous pouvions avoir une pleine écuelle de sang de pucelle, vierge par volonté et par actions, pour en oindre notre dame, celle-ci guérirait rapidement. C’est pourquoi nous résolûmes de prendre la première qui passerait.

— Seigneurs, dit la pucelle, je puis donc guérir cette dame : ne dois-je donner mon sang ?

— Par ma foi, vous n’en sauriez réchapper sans mourir : vous êtes trop faible et trop tendre, répondit Perceval.

— Mais, si je mourais pour la guérir, ce serait honneur pour moi et ma parenté. Et si je n’essaye, il vous faudra vous battre encore demain : dont viendront des pertes plus graves que celle de mon corps. Je vous prie de permettre que je donne mon sang.

Alors Galaad, Bohor et Perceval le lui octroyèrent doucement.

Le lendemain, après la messe, on amena la dame du château : elle avait le visage si défait et si mangé qu’on s’émerveillait de la voir vivre encore.

— Dame, lui dit la pucelle, je vais mourir pour votre guérison ; priez Dieu pour mon âme.

Elle se fit ouvrir la veine du bras au moyen d’une lamelle tranchante comme un rasoir, et