Page:Boulenger Marceline DesbordesValmore.pdf/11

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mieux à identifier ce « passant ». Car M. Rivière aime tendrement Marceline, et il ne lui est point indifférent de savoir le nom du barbare pour qui elle a pleuré. Et nous-mêmes, n’éprouvons-nous pas plus vivement les vers de Mme Valmore lorsque nous connaissons sa douloureuse histoire ? Parce que nous savons que ce fut une aventure modeste et banale, et semblable à beaucoup d’autres, nous admirons davantage le cœur merveilleux qui sut s’exalter à ce point. Bref, non seulement nous lisons les vers du poète avec plus de cordialité et de sympathie quand nous sommes instruits de la réalité qu’ils cachent, mais encore Mme Valmore elle-même nous émeut et nous touche mieux d’avoir si cruellement souffert. Voilà pourquoi il n’est pas sans intérêt de préciser ses amours D’autant que, il faut bien l’avouer, « les morts n’ont de pudeur que celle que nous leur prêtons pour donner bonne opinion de notre délicatesse[1] » Nous ne leur devons absolument que la vérité.

Je me suis donc appliqué ici — et je crois

  1. Jules Lemaître, Contemporains, VIIe série, pages 2 et 197.