Page:Boulenger Marceline DesbordesValmore.pdf/192

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
188
MARCELINE DESBORDES-VALMORE

Quoi ! tu m’aimais, Prosper, tu m’aimais !… tu me le diras cent fois, j’ai tant besoin de l’espérer ! tout cela m’a brisée. » Or, même après 1830, quand sa femme avait plus de quarante-cinq ans, Valmore s’inquiétait encore lorsqu’il voyait paraître les poèmes où Marceline, qui l’aimait pourtant, chantait sa passion éternelle. Sans doute, il s’efforçait de se persuader qu’il y avait là un certain miracle littéraire et que le mari d’une femme de plume ne saurait décemment être jaloux des sublimes héros qu’elle imagine, et c’est pourquoi il supportait la publication et le succès de ces volumes de vers ; mais il fallait tout de même que Marceline l’assurât bien souvent qu’elle ne ressentait pas pour de bon les sentiments qu’elle dépeignait : « Ces poésies qui pèsent sur ton cœur soulèvent maintenant le mien de les avoir écrites, lui écrivait-elle (1). Je te répète avec candeur qu’elles sont nées de notre organisation : c’est une musique comme en faisait Dalayrac ; ce sont des impressions observées souvent chez d’autres femmes qui souffraient (1) 2 décembre 1832.