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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

<< devant moi. Je disais : « Moi j’éprouverais telle chose dans cette position », et je faisais une musique solitaire, Dieu le sait. >> Et, précisant davantage, elle lui expliquait que c’étaient les confidences de Pauline Duchambge qu’elle traduisait en vers, et les plaintes de son amic qu’elle donnait pour siennes (libre à lui de la croire) : « 16 mai 1846. –… Pourquoi lis-tu les mièvretés que j’ai écrites ? ce n’est ni fort ni sain dans l’ennui dont je voudrais te guérir. Non, je n’ai pas souffert tout ce que ces pages racontent. Je veux te montrer des lettres de notre pauvre Pauline qui ont servi de texte aux élégies dont j’avais, il est vrai, les éléments dans mon organisation. Les orages qu’elle me racontait, je les mettais en vers ; j’en ai eu aussi, mais ne me plains pas de tous ceux que tu lis avec attendrissement ; et puis, mon cher et bien aimé, tous ces tristes oiseaux ont fait place au doux repos de l’âme. Des infortunes plus austères ont fait de toi et de moi une proie moins harmonieuse. A présent notre réunion exemplée de l’effroi de la misère que nous avons soufferte depuis un an, et je me sentirai la plus heureuse des femmes… » A l’époque où elle écrivait cette dernière lettre (16 mai 1846), Marceline avait soixante ans, et l’on conçoit qu’à relire ses douloureux poèmes, son mari ressentit alors