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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

leurs gaucheries nous touchent. Seulement, il faut les lire avec sympathie et cordialité, en faisant la part du temps où ils ont été écrits, de même qu’on lirait des poésies de Parny ou de Millevoye (si on en lisait). Pourquoi, par exemple, n’imagineriez-vous pas la jeune héroïne dont les Elégies dépeignent les tourments, à la ressemblance de ces grandes et fortes ingénues des gravures « Empire », à qui Proudhon a donné sur ses dessins tant de grâces apprétées et charmantes ? Supposez-la au centre de quelque bosquel, où roucoule la tourterelle, où ne manquent ni l’urne, ni la colonne brisée ; ou bien accoudez-la, rêveuse, à quelque tombeau (n’oubliez pas au moins, dans un coin de la vignette, quelques grosses abeilles ou un agneau enrubanné) ; et maintenant, écoutez-la parler :

Que la vie est rapide et paresseuse ensemble : Sous ma main qui brûle et qui tremble, Que sa coupe fragile est lente à se briser ! Ciel ! que j’y bois de pleurs avant de l’épuiser ! Mes inutiles jours tombent comme les feuilles, Qu’un vent d’automne emporte en murmurani. Ce n’est plus toi qui les accueilles, Qu’importe leur sort en mourant ? Eh bien ! que rien ne les arrête ; Je les donne au tom je m’y traine à mon tour,