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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

dans ces lettres désordonnées, incorrectes et comme échevelées, dont nous avons cité assez de fragments pour qu’on s’en puisse faire quelque idée, que de vie, que d’émotion, que de chaleur, et parfois quelles trouvailles ! Jamais Marcelinc n’hésite, ne se relit, ni ne corrige sa prose ; et il y parait à sa syntaxe ; mais ce qu’elle perd en pureté, elle le regagne en naturel, et vraiment sa sensibilité frissonne sur le papier : « Nous pleurerons toujours, nous pardonnerons et nous tremblerons toujours, écrivait-elle un jour à Pauline Duchambge (1) ; nous sommes nées peupliers. » Il est beau que cette pauvre femme, qui n’a rien appris ni rien lu, qui est si peu habile dans son métier qu’il lui est presque impossible de composer une nouvelle sur commande (2) et qu’il n’y a pas (je crois) dans toute son euvre un seul sonnet ou une pièce à forme fixe, trouve dans son cour frémissant de ces vers émouvants comme des sanglots, ou si (1) 5 juillet 1819 (Sainte-Beuve, page 183. — Rivière, I1, 189).

(2) — Je n’ai pu faire le conte demandé : j’écris vraiment avec mon cour : il saigne trop pour des petits tableaux d’enfants. » (Lettre à P. Duchambge, 27 novembre 1850).