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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

une indigence qui n’est pas à décrire. Je fus forcée de sacrifier l’avenir au présent, et, dans l’intérêt de mon père, je retournai en province. »

Or, il n’est pas besoin de remarquer que, assez ordinairement, c’est surtout sur la scène que les ingénues se dévouent ainsi pour leurs pères nobles, et que, dans la vie, la partie d’elles-mêmes que les demoiselles de théâtre sacrifient le moins volontiers, c’est leur vanité. Quand Marceline envoyait ses appointements à sa famille, c’était très bien. Mais quand cette petite comédienne de dix-neuf ans, applaudie et fêtée à l’Opéra-Comique, avait le courage de renoncer à tout pour s’aller enterrer en province, cela était mieux. Et que si, par hasard, elle n’aimait pas du tout son état, malgré ses succès, il faudrait en admirer davantage, il me semble, une actrice si supérieure à son métier.

Quoi qu’il en soit, en mai 1806, nous trouvons Mlle Desbordes dans la troupe de Jolly, au Théâtre de Lille[1]. Puis elle passe à Rouen[2], mais on ne sait trop si elle y joue.

  1. Lefebvre, Histoire du Théâtre à Lille, II, 243.
  2. Elle y est arrivée le 26 octobre, que Grétry lui écrit une lettre qu’on trouvera dans le Guide musical de mars 1887 et dans Pougin, pages 83-84.