Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


— Comment donc ! j’ai appris par cœur ses Oraisons funèbres ; j’ai lu, il n’y a pas longtemps encore, son Histoire universelle, qui franchement me paraît au-dessous de sa réputation ; je n’ai pu même aller jusqu’au bout tout d’une haleine au moins.

— Sans doute, comme vous faisiez pour les romans de Walter Scott ou de Cooper ?

— Je ne dis pas non.

— Mais maintenant qu’il n’en est plus ainsi, que les œuvres de pure imagination sont appréciées par vous à leur valeur, et que votre esprit s’étant mûri, vous prenez goût à des choses tout à la fois plus sérieuses et plus littéraires, je m’étonne de cette obstination, dans ce qui n’est pour moi qu’un déplorable préjugé.

— Préjugé ?

— Oui, préjugé ! car chez vous, mon ami, je ne puis croire que ce soit défaut d’intelligence. Mais vous en reviendrez, je n’en doute pas, quand vous aurez consenti à étudier les pièces du procès, et que vous pourrez vous prononcer en connaissance de cause. Tenez, sans être prophète, je ne crains pas d’affirmer que si, quelque jour, il vous tombe sous la main par exemple un recueil des Sermons de Bossuet (pour moi son œuvre capitale quoique peut-être pas la plus populaire), la lumière se fera et votre opinion, sur l’homme incomparable, changera du tout au tout.

— Si jamais cela arrive…

— Je n’en fais pas l’ombre d’un doute : plus tôt ou plus tard, vous penserez de Bossuet ce qu’en pensait un homme qui, lui aussi, avait du génie et n’est point suspect de… gallicanisme, l’illustre Joseph de Maistre. Il