Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/140

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particulier sa polémique avec les protestants, qui n’eurent pas une réponse sérieuse à opposer à l’Histoire des Variations, le chef-d’œuvre du genre. Puis vint, à propos de la trop célèbre Madame Guyon, l’affaire du quiétisme dans laquelle Bossuet, ayant complètement raison quant au fond, ne sut pas toujours tempérer dans la forme l’emportement de son zèle. Dans sa polémique avec Fénelon qu’on vit, si prompt à reconnaître son erreur et à se condamner lui-même après la décision venue de Rome, Bossuet, trop souvent passionné et violent, ne se souvint pas assez des égards dus à un ancien ami, et son langage comme son attitude, qui contrastaient si fort avec la modération de son adversaire, lui firent tort dans l’esprit de beaucoup de personnes. On l’accusait de dureté et d’orgueil, quand il ne paraît avoir cédé qu’à l’impatience de la contradiction et à l’ardeur de son zèle dans des questions dont il s’exagérait, ce semble, l’importance par une certaine tendance à la sévérité contrastant avec la modération de son langage vis-à-vis des messieurs du Port Royal. C’est aller trop loin et exagérer d’une autre façon que d’insinuer, comme l’ont fait quelques-uns, qu’il inclinait vers leurs doctrines.

À propos de la polémique dont il est parlé plus haut, racontons une anecdote qui prouve les sentiments dont Bossuet était animé et la vivacité passionnée de ses convictions.

« Qu’auriez-vous fait si j’avais soutenu M. de Cambrai ? lui demanda Louis XIV un jour.

— Sire, répondit Bossuet, j’aurais crié vingt fois plus haut. »

L’évêque de Meaux touchait à sa soixante-seizième