Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/228

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au poste du péril, et comme si lui-même il eut été invulnérable, il se prodigua de jour et de nuit, à la fois aumônier, infirmier, ensevelisseur au besoin. Comme quelques amis le blâmaient de se ménager trop peu et de s’exposer même témérairement, il fit cette réponse qu’on eût dû écrire en lettres d’or sur quelque monument de la ville :

« Il n’est pas nécessaire que je vive, mais il est nécessaire que les malades soient soignés et les moribonds assistés. »

Est-il besoin d’ajouter que ces nouvelles preuves d’un dévouement si souvent héroïque ne firent qu’ajouter à la vénération de tous « catholiques et protestants pour le bon prêtre ; en voici une preuve des plus touchantes :

Chose remarquable ! dit M. Delambre, dans les repas de cérémonie où les bienséances l’obligeaient à se trouver et où assistaient jusqu’à trente ministres de sectes diverses, c’était toujours lui que le maître de la maison et les ministres eux-mêmes invitaient, comme le plus digne, à bénir la table et qui faisait avec le signe de la croix la prière accoutumée de l’Église catholique. »

Le nombre des fidèles, grâce à de tels exemples, allant toujours en augmentant, la chapelle devenait insuffisante d’autant plus que nombre de protestants ne se montraient pas moins empressés que les catholiques pour assister aux instructions et même aux offices. L’abbé de Cheverus, afin de répondre aux désirs de ces âmes pieuses, prit courageusement l’initiative d’une souscription ayant pour but la construction d’une église ; et le président des États-Unis à cette époque,