Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/252

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en ne le considérant que comme ministre de la guerre, ce qui est son beau côté, il est important de remarquer que, sous ce rapport, il fut encore pernicieux à la France en voulant tout soumettre à ce mécanisme administratif qu’il avait si singulièrement perfectionné. L’ordre du tableau, dont il fut l’inventeur et qui plut à un monarque absolu dont la politique était de tout niveler autour de lui, éteignit toute émulation, toute ardeur pour le service militaire, et détruisit l’école des grands capitaines. Le système de tracer les plans de campagne dans le cabinet et de tenir ainsi les généraux à la lisière acheva ce que l’ordre du tableau avait commencé. » (Saint-Victor).

Louvois aussi bien que Colbert réussit à confisquer à son profit la meilleure et la plus solide part du pouvoir en persuadant au roi qu’il n’était que le simple exécuteur de ses volontés, quand lui ministre faisait faire au souverain tout ce qu’il voulait et voici comment d’après ce que Saint Simon nous raconte : « Son esprit naturellement petit (nous laissons à Saint Simon la responsabilité de ce langage excessif à notre sens), se plut en toutes sortes de détails. Il (le roi) entra sans cesse dans les deniers sur les troupes, habillement, évolutions, armement, exercice, discipline, en un mot, dans toutes sortes de bas détails ; il ne s’en occupait pas moins sur ses bâtiments, sa maison civile, ses extraordinaires de bouche : il croyait toujours apprendre quelque chose à ceux qui en ce genre en savaient le plus, qui recevaient en novices les leçons qu’ils savaient par cœur depuis longtemps. Ces pertes de temps, qui paraissaient au roi avoir tout le mérite d’une application continuelle, étaient le