Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/263

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Commines n’approuve pas, bien s’en faut, la conduite que tint le roi après la mort du duc, et ses procédés injustes vis-à-vis de l’héritière légitime Marguerite : « Mais nonobstant qu’il fût ainsi hors de toute crainte, Dieu ne lui permit pas de prendre cette matière qui était si grande, par le bout qu’il la devait prendre… pour joindre à sa couronne toutes ces grandes seigneuries, où il ne pouvait prétendre nul bon droit ; ce qu’il devait faire par quelque traité de mariage ou les attraire à soi par vraie et bonne amitié, comme aisément il le pouvait faire… Mais par aventure Notre Seigneur ne lui voulut pas de tous points accomplir son désir, pour aucunes raisons que j’ai dites, ou qu’il ne voulait point qu’il usurpât sur ces pays du Hainaut pour ce qu’il n’y avait aucun titre. »

Voici maintenant comment Commines nous parle de Louis XI dans les derniers temps de sa vie : « Le roi s’en retourna à Tours (1481), et s’enfermait fort, et tellement que peu de gens le voyaient ; et entra en merveilleuse suspicion de tout le monde ; et avait peur qu’on ne lui ôtât ou diminuât son autorité. Il recula de lui toutes gens qu’il eut accoutumés, et les plus prochains qu’il eut jamais… Mais ceci ne dura guères ; car il ne vécut point longuement ; et fit de bien étranges choses. »

« Notre Roi était en ce Plessis, avec peu de gens, sauf archers, et en ces suspicions dont j’ai parlé ; mais il y avait pourvu ; car il ne laissait nuls hommes, ni en la ville, ni aux champs dont il eut suspicion ; mais par archers les en faisait aller et conduire. Il semblait mieux, à le voir, homme mort que vif, tant était mai-