Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/321

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lui permettaient de suffire à tout. « Pendant un séjour de vingt ans qu’il passa à Roville, écrivait M. Jules Rieffel, un de ses élèves, directeur de l’institut de Grand-Jouan, il ne fit peut-être pas vingt absences, et, chose admirable, durant cette longue période, sa vie fut réglée, au point de vue du travail, comme on voit les heures distribuées pour la prière dans une communauté de religieux. Cette présence continuelle, cette régularité qu’il avait su s’imposer à lui-même, avant de l’exiger des autres, ne furent pas certainement la moindre cause de ses succès et l’exemple le moins salutaire qu’il donna aux élèves dont la France est aujourd’hui redevable à l’école de Roville. »

C’est ainsi que Mathieu de Dombasle, tout en veillant avec tant de sollicitude aux moindres détails de son exploitation devenue la première ferme modèle, en même temps, qu’il initiait ses nombreux élèves à la science agronomique, plus pratique encore que théorique, pouvait suffire aux exigences de son immense correspondance. Après sa mort, on trouva vingt-et-un cartons remplis des lettres adressées de tous les points de la France à Mathieu de Dombasle par des agriculteurs heureux de compter au nombre de ses disciples ; quarante-et-un cahiers, chacun d’au moins 150 pages, renfermaient la copie des réponses à ces lettres comme à celles de tant d’illustres étrangers avec lesquels le fermier de Roville était en relations habituelles : Sir John Sinclair, le célèbre fondateur du bureau d’agriculture de Londres ; Thaër, si cher à la Prusse, ou plutôt à l’Allemagne, et dont les travaux se lièrent si intimement en France aux premiers progrès de l’école moderne ; le