Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/323

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couvents et fermant tous les établissements d’instruction publique, vint arracher le jeune Dombasle à ses études. Revenu dans la maison paternelle, et livré à peu près à lui-même, il partageait son temps entre la culture des beaux-arts, musique, dessin, gravure, et la chasse qu’il aimait de passion. Néanmoins un matin il quitta généreusement tout cela lorsque pour la patrie sonna l’heure des grands périls et que l’étranger envahit la France. Quoiqu’il n’eût pas eu beaucoup à se louer de la Révolution qui lui avait enlevé le titre de grand maître des eaux et forêts, héréditaire dans sa famille, le jeune Dombasle n’hésita pas à s’enrôler comme volontaire et combattit, pendant plusieurs mois en cette qualité, sous les drapeaux de la République. Mais une affection nerveuse dont il fut atteint sans doute à la suite de ses fatigues, et que la petite vérole vint cruellement compliquer, mit sa vie en péril. Lorsque enfin, convalescent, il put quitter l’hôpital, son état de santé était tel que les médecins jugèrent qu’il lui fallait, pour longtemps ou même pour toujours, renoncer au rude métier du soldat et lui délivrèrent son congé.

« Cette double circonstance, dit M. Leclerc-Thouin, décida du reste de sa vie, car ce fut alors que s’accrurent chez lui les goûts d’application studieuse et que les facultés intellectuelles prirent, aux dépens de l’agilité et de la force du corps, un développement nouveau. Aux études littéraires, il joignit celles des sciences… La chimie avait surtout appelé son attention Après avoir abandonné quelques spéculations commerciales peu en harmonie avec ses goûts, il lui dut de pouvoir s’adonner sérieusement à la fabrication du sucre de betterave, et,