Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/341

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sacrifia son repos, sa santé, quelquefois jusqu’à son orgueil. Toute supériorité naissante lui était importune, et ses élèves les plus distingués étaient ceux dont il prenait le plus d’ombrage. Par ses jalousies, par ses noirceurs, il avait fini par éloigner tous ses amis, tous ses collègues ; et comme nul ne se fiait plus à lui, il en vint à son tour à se méfier de tous. Il vit partout des ennemis et sous son toit domestique et dans la foule qui se pressait à ses leçons et dans les journaux qui les répétaient, et dans ceux qui ne les répétaient pas ; et n’ayant personne à qui confier ni ses joies ni ses peines, il mena vraiment, au comble de la fortune et de la prospérité, la vie la plus misérable. »

Formidable exemple pour les ambitieux que celui de cet homme en apparence si favorisé de la fortune, riche à millions ; ayant la gloire, ayant la célébrité plus grande qu’il ne l’avait rêvée, et avec tout cela malheureux, misérable, comme dit M. Malgaigne qui continue :

« Fier et hautain, il aimait qu’on pliât devant lui-même jusqu’à terre ; et cependant par un contraste étrange, il réservait son estime aux caractères indépendants, alors même qu’il les écartait de son entourage, etc. » Il ne se peut guère un jugement plus sévère, et l’on en doit croire assurément l’écrivain dans ce qu’il dit de favorable à Dupuytren auquel comme homme, des biographes accordent davantage. Il faut lire à ce sujet ce que le recueil intitulé : Portraits et histoire des hommes utiles, nous apprend de sa bienveillance, de sa bonté vraiment singulière pour les enfants malades près desquels il oubliait ses brusqueries, laissant sa figure d’ordinaire dure, impassible, rigide, se détendre par le