Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/378

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j’inclinerais à croire que Bossuet doit avoir la plus grande part de responsabilité dans la rupture. Je trouve d’ailleurs dans un écrit assez récent une appréciation qui m’a frappé par son cachet d’impartialité et me semble bien près de la vérité.

« Avant l’enregistrement du bref à la cour du parlement et dès qu’il eut reçu l’autorisation du roi, Fénelon fit un mandement dans lequel il accepta sa condamnation avec une simplicité et une dignité remarquables. Cette soumission fut généralement admirée ; toutefois les protestants et les journalistes en furent mécontents. Vers la fin de sa vie, l’archevêque de Cambrai constata de nouveau sa soumission par un ostensoir d’or qu’il offrit à son église, et qui représentait un personnage symbolique foulant aux pieds plusieurs livres hérétiques sur l’un desquels on lisait ces mots : Maximes des Saints. Ainsi finit ce fameux débat dans lequel Bossuet, par intérêt pour la religion qu’il croyait menacée, se montra quelquefois importé, dur et même injurieux, (Relation du Quiétisme, 1698). Fénelon n’est pas non plus exempt de reproches. Par égard pour une femme dont la doctrine était généralement réprouvée, il ne paraît pas toujours sincère dans les protestations qu’il prodiguait à ses adversaires. La situation qu’il s’était faite lui créa des difficultés ; elle l’obligea par exemple à se défendre par des subtilités qui prouvèrent la souplesse de son esprit, mais qui gâtèrent parfois sa cause. Ces deux prélats y gagnèrent cependant quelque chose : Bossuet une connaissance de la théologie mystique qu’il n’avait point et qui lui servit à corriger ses idées sur la charité ; Fénelon, une plus grande circonspection dans