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milieu de ces tribulations déjà si pénibles, il eut à supporter une épreuve encore d’un autre genre mais cruelle aussi. Son palais épiscopal devint la proie des flammes et, dans l’incendie, Fénelon perdit sa bibliothèque, ses nombreux manuscrits et des papiers précieux. Admirable pourtant fut sa résignation et aux compliments de condoléance de ses amis, il se contenta de répondre :

« Il vaut mieux que le feu ait pris à ma maison qu’à celle d’un pauvre laboureur. »

Cette parole était digne de celui qu’on voyait dans son zèle apostolique si plein de condescendance et de sollicitude pour les faibles et les petits et qui s’en allait courir les champs, pendant toute une nuit, pour aider un brave paysan à retrouver sa vache égarée. Touchant épisode qui a si heureusement inspiré la muse d’Andrieux !

La charité de Fénelon eut à s’exercer sur un plus vaste théâtre. « Les malheurs de la guerre, dit Villemain, d’après le cardinal de Beausset, amenèrent les troupes ennemies dans le diocèse de Cambrai : ce fut, pour le saint évêque, l’occasion d’efforts et de sacrifices nouveaux. Sa sagesse, sa fermeté, la noblesse de son langage inspiraient aux généraux ennemis un respect salutaire aux malheureuses provinces de Flandre. Eugène était digne d’entendre la voix du grand homme dont il connaissait et admirait le génie. »

Pendant le désastreux hiver de 1709, Fénelon trouvait de nouvelles ressources pour nourrir l’armée française en même temps qu’il faisait de son palais un hôpital pour les malades et les blessés.