Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

simples fébricitantes ; celles-ci étaient livrées comme une inévitable proie à la hideuse contagion dans le lieu même où, pleines de confiance, elles avaient espéré recouvrer la santé.

Les femmes enceintes, les femmes en couche étaient également entassées pêle-mêle sur des grabats étroits et infects.

…Dans l’état habituel, les lits de l’Hôtel-Dieu, des lits qui n’avaient pas 1 mètre 1/2 de large, contenaient quatre et souvent six malades ; ils y étaient placés en sens inverse : les pieds des uns répondaient aux épaules des autres ; ils n’avaient chacun pour leur quote-part que 25 centimètres… Aussi se concertaient-ils, tant que leur état le permettait, pour que les uns restassent levés dans la ruelle pendant une partie de la nuit, tandis que les autres dormaient.

…Tel était l’état normal de l’ancien Hôtel-Dieu. Un mot, un seul mot dira ce qu’était l’état exceptionnel (en temps d’épidémie) ; alors on plaçait des malades jusque sur les ciels de ces mêmes lits où nous avons trouvé tant de souffrances, tant de légitimes malédictions… »

Combien d’autres détails non moins tristes, par exemple, relatifs à la salle des opérations et sur lesquels nous glissons pour ne pas trop attrister le lecteur.

À qui, d’ailleurs, imputer la longue durée de cette organisation vicieuse, inhumaine ? « à la vulgaire toute puissance de la routine, à l’ignorance ! » s’écrie Arago s’appuyant des conclusions de Bailly qui dit avec tous les ménagements que la circonstance exigeait :

« L’Hôtel-Dieu existe peut-être depuis le VIIe siècle,