Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/71

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(1801) Beethoven perdit sa pension alors que la guerre qui troublait l’Allemagne diminuait beaucoup ses autres ressources. Il habitait alors avec ses deux frères, chargés de tous les détails de la vie commune, afin que l’artiste ne fût en rien distrait de son travail ; mais tout probablement sa bourse supportait seule la dépense. Aussi la gêne, dont il a souffert par malheur presque toute sa vie, ne devait pas être moindre à cette époque que plus tard, quand en envoyant à Ries une sonate pour la vendre à Londres, il écrivait : « Cette sonate a été écrite dans des circonstances bien pénibles ; car il est triste d’être obligé d’écrire pour avoir du pain. C’est là où j’en suis maintenant. »

Dans une autre lettre d’une date plus récente, il dit encore : « Si je n’étais pas si pauvre et obligé de vivre de ma plume, je n’exigerais rien de la Société Philharmonique ; mais dans la position où je me trouve, il faut que j’attende le prix de ma symphonie. »

La situation toujours précaire de Beethoven ne lui permit pas de se marier ainsi qu’il résulte d’une lettre écrite à son ami Wegeler en 1801 : « Mon infirmité me poursuit partout comme un spectre ; fuyant les hommes, je devais paraître misanthrope, ce que pourtant je suis peu. Ce changement a été produit par une aimable et charmante fille (Mlle Julie de Guicciardi) qui m’aime et que j’aime aussi. Voilà depuis deux ans quelques moments de bonheur et c’est la première fois que je sens que le mariage pourrait me rendre heureux. Mais, hélas ! elle est au-dessus de mon rang ; de plus il m’est impossible dans ce moment de songer à me marier, il faut que je travaille à me faire un