Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/75

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Chose étonnante et merveilleuse puissance du génie ! au milieu de ces cruelles souffrances physiques et morales, le travail de l’artiste n’avait été que peu interrompu ; car, dans cette période, nous le voyons composer Fidelio, opéra en deux actes, le seul qu’il ait fait, la cantate d’Adélaïde, la Symphonie héroïque, dont le succès fut immense, etc. Les biographes allemands racontent que Beethoven avait eu l’intention d’abord d’appeler son œuvre Bonaparte ; mais en apprenant un matin que le premier consul s’était fait proclamer empereur, il changea le titre en celui de « Symphonie héroïque pour célébrer, suivant son expression, le souvenir d’un grand homme. »

La Symphonie héroïque commence la seconde période de la vie artistique de Beethoven, celle pendant laquelle il produisit ses œuvres les plus remarquables, dont les beautés restent accessibles à tous, encore que, grandioses et originales, elles attestent, avec le génie de l’invention, la connaissance la plus étendue de toutes les ressources de l’art. De cette époque datent la quatrième symphonie en fa, dite Symphonie pastorale, un merveilleux chef-d’œuvre ; puis des concertos, des sonates, des quatuors, etc. Tous ces morceaux furent successivement exécutés dans les concerts que l’artiste donnait de temps en temps à Vienne et dont le produit était son principal et presque son unique revenu, revenu souvent insuffisant. Aussi, en 1809, le roi de Westphalie, Jérôme Napoléon, lui ayant fait offrir la place de maître de sa chapelle avec un traitement de 7,000 francs, il inclinait à accepter. Mais trois des amateurs les plus distingués de Vienne, l’archiduc Rodolphe, le prince Lobkowitz et le