Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/10

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la sienne, jamais une âme plus droite et plus pure au milieu de la corruption générale, plus ferme et plus intrépide au milieu des périls et des défaillances ? »

Retracer longuement cette vie toutefois nous entraînerait trop loin et d’ailleurs le récit n’aurait qu’un médiocre intérêt pour un grand nombre de lecteurs, à la distance où nous sommes des événements d’une part, et de l’autre parce que les faits et les questions qui passionnaient alors les esprits jusqu’à la fureur pour la plupart aujourd’hui ne pourraient que rencontrer l’indifférence. Disons donc seulement en peu de pages ce que fut Gerson dont le nom sans nul doute, malgré le rôle considérable qu’il a joué de son temps, ne conserverait pas une si grande popularité, si celui qui le porta n’était point l’auteur présumé de l’Imitation de Jésus-Christ, ce merveilleux volume dont Fontenelle a dit que : « C’est le plus beau livre qui soit sorti de la main des hommes puisque l’Évangile n’en vient pas. »

Gerson naquit en 1363 (14 décembre) à Gerson, petit village du diocèse de Rheims, près Réthel. Il était l’aîné de douze enfants que leur père, Arnulphe Charlier, et leur mère, Elisabeth Lachardenière, élevèrent avec une grande sollicitude et dans les sentiments de la plus vive piété. À l’âge de 14 ans, l’aîné des enfants, Jean Charlier, fut envoyé, en qualité de boursier, au collège de Navarre à Paris ; et, paraît-il, c’est alors que, d’après un usage fort répandu, il changea son nom de famille contre celui du hameau où il avait pris naissance. « Il semblait, dit M. Aubé, qu’en déposant le nom paternel on mourût à soi-même, et qu’avec les liens du sang on rompît ces chaînes qui attachent