Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/148

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jeune Joseph passa à Turin pour suivre le cours de droit à l’Université, il ne se permit jamais la lecture d’un livre sans avoir écrit à son père ou à sa mère à Chambéry pour en obtenir l’autorisation… Rien n’égalait la vénération et l’amour du comte de Maistre pour sa mère. Il avait coutume de dire : « Ma mère était un ange à qui Dieu avait prêté un corps ; mon bonheur était de deviner ce qu’elle désirait de moi, et j’étais dans ses mains autant que la plus jeune de mes sœurs. »

Joseph, comme son père, suivit la carrière de la magistrature ; en sa qualité de substitut de l’avocat général, il prononça le discours de rentrée sur le caractère extérieur du magistrat, qui fut le premier jet de son talent et son début littéraire. Il siégea ensuite comme sénateur sous la présidence de son père.

Marié en 1786 à mademoiselle de Morand, dont il eut trois enfants, un fils et deux filles, il vivait paisiblement à Chambéry tout occupé de ses devoirs, dont il se délassait par l’étude, quand éclata la Révolution.

Lors de l’invasion de la Savoie, le comte de Maistre, ayant refusé toute espèce de serment au gouvernement importé par l’étranger sous le nom de République des Allobroges, dut quitter son pays. Il se retira à Lausanne où, non sans grandes difficultés, vint le rejoindre sa famille, à l’exception du dernier enfant, dont Madame de Maistre venait d’accoucher et qu’elle dut laisser aux soins de sa grand’mère, car elle ne pouvait l’exposer aux fatigues et même aux périls du voyage.

De Lausanne, Joseph de Maistre écrit à son ami le baron Vignet des Étoles que ses biens sont confisqués, mais qu’il n’en dormira pas moins. Dans une autre lettre,