Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/25

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— Je m’appelle Lesueur, répond l’enfant, natif de Lyon ; mon père est mort, ma mère me reste, mais infirme et pauvre. Ne pouvant travailler pour l’aider, je demande la charité afin de lui donner au moins du pain.

— Très-bien, mon ami, le bon Dieu te récompensera de ta piété filiale, et peut-être aurai-je le bonheur d’être en cela l’instrument de la Providence. Conduis-moi chez ta mère ; j’ai quelque chose à lui proposer qui, je crois, ne lui déplaira pas.

Le résultat de l’entretien, en effet, fut heureux, pour tous deux d’abord, et ensuite pour beaucoup d’autres. Du consentement de la mère à laquelle il promit un secours quotidien suffisant pour la faire vivre, et qu’il lui donna en effet, Valentin emmena chez lui le jeune Lesueur et l’instruisit d’après sa méthode. Les résultats furent tels qu’au bout de quelques semaines le maître radieux pouvait présenter son élève à la Société philanthropique qui, après avoir applaudi à ce premier et heureux essai, mit à sa disposition une maison située rue Notre-Dame-des-Victoires et des fonds pour l’entretien de douze élèves.

Le succès dépassa toutes les espérances et, vers la fin de la même année, Valentin Haüy conduisait à Versailles, où il avait été mandé, ses nouveaux écoliers qui, pendant toute une quinzaine, firent l’étonnement et l’admiration de la cour par leurs exercices variés, lecture, calcul, musique, etc. Un résultat si merveilleux, dans un laps de temps si court, prouvait, avec l’intelligence et la docilité des élèves, l’habileté du maître et l’excellence de sa méthode. Louis XVI, après avoir félicité Valentin, promit que sa protection ne lui manque-