Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/26

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rait pas et ordonna de faire les fonds nécessaires pour l’éducation de 120 élèves. En même temps il accordait au professeur le titre d’interprète du roi et de l’amirauté pour les langues anglaise et allemande ; puis il le nomma membre du bureau académique d’écriture et enfin l’un de ses secrétaires.

L’institution des Jeunes Aveugles désormais était fondée. Mais vint la Révolution et, dans l’année 1790, sur la proposition de la Rochefoucault Liancourt, on eut l’idée malheureuse de réunir dans un même local (le couvent des Célestins) les Jeunes Aveugles et les Sourds-muets. La mesure eut les résultats les plus fâcheux par suite de la mésintelligence qui divisa bientôt les directeurs et les élèves eux-mêmes. Aussi peu d’années après, on reconnut la nécessité de séparer de nouveau les deux établissements, ce qui eut lieu par un décret de la Convention du 9 thermidor an II (27 juillet 1794). L’institution des Jeunes Aveugles fut transférée dans la maison de Sainte-Catherine, rue des Lombards, et Valentin Haüy resta seul directeur, malheureusement pour lui comme pour les élèves ; car professeur excellent, mais homme d’imagination, Valentin n’avait point du tout le talent d’administrateur et chez lui la rectitude du jugement n’égalait point la vivacité de l’esprit et l’on ne peut dissimuler qu’on eut alors des torts graves à lui reprocher.

Comblé, comme on l’a vu, des bienfaits de la cour, il ne sut pas se défendre de la contagion de certaines idées qui, à la vérité, lors de la Révolution, tournaient trop de têtes et de plus fortes que la sienne. Lui qui avait pour frère un prêtre des plus vénérables, il donna dans