Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/263

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riture des bestiaux. Des préjugés, répandus par la fausse science, pire que l’ignorance, faisaient considérer cette substance comme nuisible pour l’homme, capable d’engendrer la lèpre, disait-on d’abord. Quand cette première et grossière erreur eut perdu son crédit, de vieux praticiens déclarèrent que cette nourriture malsaine engendrait des fièvres pernicieuses. De là, l’espèce d’interdit jeté sur cet aliment, la répulsion qu’il inspirait et que Parmentier, dont la conviction, fondée sur l’expérience, était tout autre, résolut de combattre énergiquement. Dès l’année 1778, il publiait, dans ce but, un opuscule ayant pour titre : Examen chimique de la pomme de terre, et qui, attaquant victorieusement les erreurs accréditées, affirmait que ce tubercule tant calomnié pouvait fournir un aliment non moins sain qu’agréable et que le bon marché rendrait des plus précieux. L’ouvrage fut accueilli favorablement par la partie éclairée du public, mais n’ébranla point les préventions aveugles et d’autant plus opiniâtres de la multitude. Parmentier comprit qu’à l’appui de sa thèse il fallait la preuve visible, l’argument décisif tiré du fait palpable et de l’expérience publique.

« Il obtint du gouvernement la permission de faire une grande expérience dans la plaine des Sablons, dit M. de Silvestre ; Paris étonné vit pour la première fois la charrue sillonner cinquante-quatre arpents d’un sol qui, par sa mauvaise qualité, avait été condamné à une stérilité immémoriale ; il vit bientôt ce même sol se couvrir de verdure et de fleurs et enfin produire abondamment ces racines précieuses.

Aucune précaution ne lui avait échappé ; profondé-