Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/264

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ment occupé de son sujet, il cherchait également à tirer les moyens d’exécution de la nature des choses et des dispositions d’esprit, de la bizarrerie même des hommes qu’il voulait déterminer à le seconder. Il avait demandé des gendarmes pour garder sa plantation, mais il avait exigé que leur surveillance ne s’exerçât que pendant le jour seulement ; ce moyen eut tout le succès qu’il avait prévu. Chaque nuit, on volait de ces tubercules dont on aurait méprisé l’offre désintéressée et Parmentier était plein de joie au récit de chaque nouveau larcin qui assurait, disait-il, un nouveau prosélyte à la culture ou à l’emploi de la pomme de terre. »

Un autre moyen ne lui avait pas moins réussi ; lorsqu’il vit son champ en pleine floraison, il composa des plus belles fleurs un gros bouquet qu’il porta à Versailles pour en faire hommage au Roi qui, l’un des premiers, avait encouragé et facilité son entreprise. Louis XVI, en remerciant l’agronome, détacha du bouquet une tige, c’est-à-dire, une fleur dont il para gaiement sa boutonnière, et les courtisans aussitôt de l’imiter à l’envi, en demandant des semences pour faire cultiver la plante dans leurs terres. L’enthousiasme gagna les provinces et Parmentier bientôt ne put suffire aux demandes, encore que par un adroit calcul et pour donner plus de prix au cadeau il ne le distribuât qu’avec parcimonie. Ainsi un grand seigneur lui ayant envoyé une voiture à trois chevaux avec force sacs de blé pour les faire remplir de pommes de terre, l’agronome ne remit au voiturier que quelques tubercules dans un sac à argent.

On raconte encore qu’il donna aux Invalides un grand