Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la biographie de notre Poussin, qui ne fut pas seulement un éminent artiste, mais un grand et noble caractère, un homme dont la vie, heureusement plus connue dans ses détails que celle de Le Sueur, peut, elle aussi, être proposée en exemple.

Poussin (Nicolas) naquit aux Andelys (Normandie), le 13 juin 1594, d’une famille noble, originaire de Soissons, mais déchue à la suite des guerres civiles. Son goût pour les arts se manifesta de bonne heure, et il reçut quelques leçons d’un peintre de Beauvais, nommé Quentin Varin. Mais l’adolescent sentait d’instinct l’insuffisance de cet enseignement ; aussi, à peine âgé de dix-huit ans, il quitta les Andelys, sans demander ou attendre le consentement de son père, un tort grave qu’il devait cruellement expier plus tard ; arrivé à Paris, grâce à la connaissance qu’il fit d’un jeune gentilhomme du Poitou, amateur des arts, il trouva moyen de vivre tout en continuant ses études. Il eut successivement pour maîtres deux artistes médiocres, Ferdinand Elle, de Malines, et le Lorrain Lallemand, dont, paraît-il, l’enseignement ne laissait pas moins à désirer que les tableaux. Par bonheur, toujours grâce à son ami le gentilhomme, Poussin fit la connaissance d’un mathématicien aux galeries du Louvre, possesseur d’une très-belle collection de gravures d’après Raphaël et Jules Romain, et même de quelques dessins originaux de ces maîtres, et qui les mit généreusement à la disposition du jeune artiste. « La pureté de correction du premier et la fierté de dessin du second, dit un biographe, devint l’objet des études de Poussin : ce fut véritablement là sa première école et la source où