Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur tout le reste : le goût de l’agriculture est le seul qui nous réunisse, et quelque diversité que les besoins de la vie et les usages de la société puissent mettre dans nos occupations ordinaires, nous nous souvenons tous de notre premier état. L’homme innocent avait été destiné, dès le commencement, à cultiver la terre ; nous n’avons point perdu le sentiment de notre ancienne noblesse. Il semble au contraire que tout autre état nous avilisse et nous dégrade. Dès que nous pouvons nous affranchir ou respirer quelques moments en liberté, une pente secrète nous ramène tous au jardinage. Le marchand se croit heureux de pouvoir passer du comptoir à ses fleurs. L’artisan, qu’une dure nécessité attache toujours au même endroit, orne sa fenêtre d’une caisse de verdure. L’homme d’épée et le magistrat soupirent après la vie champêtre. Il y a au moins quelques mois dans l’année où ils quittent la Cour, la ville et les affaires pour jouir des charmes de leur terre. Tous alors parlent jardinage : la plupart se piquent d’en savoir les plus belles opérations. Il n’y a qu’un goût faux et une délicatesse dépravée qui rougisse de cultiver un jardin. »

À cette dernière phrase en particulier on ne peut qu’applaudir de tout cœur et des deux mains.