Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pétersbourg. Aussi, plus d’une fois il eut à souffrir de la gêne dans le temps même où les personnages les plus illustres de l’Europe : le roi de Prusse, l’empereur François-Joseph, les princes russes, s’empressaient pour lui faire visite et admirer sa magnifique collection de cristaux malheureusement depuis sa mort passée en Angleterre. Le prince royal de Danemark, assidu à ses leçons, avait conçu pour lui une telle vénération que, lorsque Haüy tomba malade, il ne laissait point passer un jour sans le visiter. L’illustre maître semblait convalescent lorsqu’une chute, faite dans la chambre même, détermina de nouveaux et graves accidents qui se terminèrent par la mort (3 juin 1822). « En proie à des douleurs atroces, dit M. de Chantigny, il n’interrompit ni ses exercices de piété, ni le travail nécessaire à une nouvelle édition de son Traité de minéralogie ; il ne se montra inquiet que de l’avenir de ses collaborateurs. »

C’était bien là l’homme dont un autre biographe a dit : « Ses devoirs religieux, des recherches profondes suivies sans relâche et des actes continuels de bienveillance occupaient toutes ses journées. Aussi tolérant que pieux, jamais l’opinion des autres n’influa sur sa conduite envers eux, et d’un autre côté, jamais les hautes spéculations auxquelles il se livrait, ne le détournèrent d’aucune pratique prescrite par le rituel. Par la nature de ses recherches, les pierreries les plus précieuses de l’Europe ont passé entre ses mains, et, dans son profond désintéressement, il n’y a jamais vu que des cristaux. »

En tant que savant, Cuvier si compétent, l’apprécie en ces termes : « Comme on a dit avec raison qu’il n’y aura plus un autre Newton, parce qu’il n’y a pas un