Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/370

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enfin que Rembrandt eut eu le malheur d’un si triste défaut, d’une si misérable faiblesse, alors que ses œuvres en général, prodigieuses, merveilleuses, au point de vue de l’art, de l’art matériel surtout, ne trahissent guère chez l’homme de génie une grande élévation d’âme, de cœur, de pensée, par l’insuffisance ou la vulgarité des expressions, par la trivialité ou la bizarrerie des types si chers à l’artiste même dans les sujets où la nature humaine ne devait nous apparaitre qu’ennoblie, agrandie, transfigurée ?

Reconnaissons toutefois, fut-ce au risque de paraître nous contredire nous-même, que cette tradition, si fâcheuse pour la gloire de Van Ryn, peut fort bien aussi n’avoir eu pour fondement qu’une méchante rumeur, une misérable calomnie mise en circulation d’abord par les envieux ou seulement les oisifs et les bavards, et acceptée bénévolement et propagée ensuite et amplifiée par la crédulité maligne et moutonnière du vulgaire. Dans ce cas, l’illustre Flamand deviendrait un exemple de plus de la terrible vérité de cette trop fameuse parole : Calomniez ! calomniez ! il en restera toujours quelque chose ! Malheureusement, dans la plupart des circonstances, comme dans celle-ci, ce n’est point seulement quelque chose qui reste, mais la calomnie tout entière qui subsiste et souvent même va toujours croissant et se fortifiant, comme le monstre aux cent bouches et aux cent yeux chanté par Virgile :

Accrescit vires eundo.