Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/369

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maison, faute de trouver un seul acquéreur. Quant à ses collections de tableaux, d’estampes, de dessins, de bronzes, de plâtres, d’armes et de costumes, elles furent inventoriées et vendues à l’encan par la Chambre des insolvables, et ne produisirent guère plus que les sommes dues par Rembrandt à divers créanciers dont le principal était le bourguemestre Corneille Witzen. Après la vente de ses portefeuilles, Rembrandt se retira sur le Rosengracht (quai des Roses), à Amsterdam. Il y vécut avec une jeune paysanne qu’il avait épousée en secondes noces et de laquelle il eut deux enfants, qui furent ses uniques héritiers, son fils Titus étant mort avant lui. Ainsi tombent ces accusations d’avarice dont on a noirci la mémoire de Rembrandt. Avare ! si ce grand homme l’eût été, il n’aurait pas dépensé sa fortune en objets d’art, il ne se serait pas laissé entraîner, dans les ventes, à des enchères fabuleuses ; il n’aurait pas été saisi, exproprié ; il ne serait pas mort insolvable ! »

Ainsi s’exprime M. Ch. Blanc avec une véhémence d’expressions qui s’explique par le généreux sentiment qui l’inspire. Mais ne s’exagère-t-il pas, dans sa sympathie pour cette illustre mémoire, la portée des actes qu’il invoque et que nous n’avons pas malheureusement sous les yeux. En résulte-t-il bien que Rembrandt est mort tout à fait pauvre, est mort insolvable ? N’est-ce pas aller loin ? N’est-ce pas vouloir trop prouver ? L’existence de cette riche collection de Rembrandt est-elle un fait bien attesté, bien avéré ou sa dépréciation serait-elle suffisamment justifiée par les circonstances qu’on allègue ? Graves questions ! Faudrait-il s’étonner