Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/411

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à la sœur Rosalie la croix de la Légion d’Honneur « aux applaudissements de tout le quartier, chaque pauvre se croyant décoré en sa personne. Mais, tout en l’acceptant par obéissance pour ses supérieurs, la sœur ne put jamais se résigner à la porter, « et son humilité souffrit tellement de cette distinction, d’après ce que M. de Melun nous affirme, que, pendant plusieurs jours, elle en fut malade.… cette faveur elle la regardait comme une des grandes épreuves de sa vie. »

La cécité dont elle fut affligée par suite de cataracte dans les derniers temps de sa vie, lui parut peut-être moins pénible, quoique d’ailleurs elle souffrît beaucoup, elle si active, de cet état qui la condamnait à l’inaction et la privait de la consolation de voir ses chers pauvres dont elle ne cessait de s’occuper d’ailleurs.

L’opération de la cataracte fut tentée, mais avec peu de succès. On espérait la recommencer dans des conditions plus favorables, lorsque la sœur Rosalie, à la suite d’un refroidissement, fut prise de la fièvre et d’un point de côté, symptômes annonçant la pneumonie ou la fluxion de poitrine. Une médication énergique amena un mieux sensible qui donnait grand espoir.

La malade souffrait beaucoup cependant, mais sans en laisser rien paraître. Une des sœurs gardes-malades s’aperçut que, sur un vésicatoire posé récemment, une serviette s’était repliée, et en pesant sur la plaie, devait la rendre très douloureuse.

« Comment, ma mère, dit-elle, ne m’avez-vous point appelée ? N’avez-vous donc rien senti ?

— Si vraiment, répondit la malade avec un sourire,