Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/432

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Ni sur des monceaux d’or, ni parmi les palais.
Ni dans l’éclat des rangs que le luxe accompagne,
Racheter les douceurs qu’on trouve à la campagne.

Malgré quelques passages faibles, voilà en somme un heureux commentaire du fameux : O fortunatos agricolas, de Virgile. Souhaitons que ces vérités soient de plus en plus comprises aujourd’hui, que tous les hommes d’État comme les moindres bourgeois estiment à sa valeur cet art, honorable et utile entre tous, qui inspira si merveilleusement au siècle d’Auguste le génie du grand poète, et auquel Olivier de Serres, plus pratique sans doute, avait élevé ce précieux monument[1], fruit de sa longue expérience et d’une vie toute entière occupée à ce noble travail de la terre : « Mon inclination et l’état de mes affaires, dit-il dans la préface, m’ont retenu aux champs en ma maison, et fait passer une partie de mes meilleurs ans, durant les guerres civiles de ce royaume, cultivant ma terre par mes serviteurs, comme le temps l’a pu porter. En quoi Dieu m’a tellement béni par sa sainte grâce, que m’ayant conservé parmi tant de calamités, dont j’ai senti ma bonne part, je me suis tellement comporté parmi les diverses humeurs de ma patrie, que ma maison, ayant été plus logis de paix que de guerre, quand les occasions s’en sont présentées, j’ai rapporté ce témoignage de mes voisins, qu’en me conservant avec eux, je me suis principalement adonné chez moi à faire mon ménage. » C’est ce qui explique que cette vie, si utilement employée d’ailleurs, ne renferme que peu ou point d’événements, d’accidents notables, ou que du moins les bio-

  1. Le Théâtre d’Agriculture.