Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/75

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» Le meilleur des expédients, pour s’épargner beaucoup de peine dans la vie c’est de penser très peu à son intérêt propre.

» Les repas du soir sont la joie de la journée ; les festins du matin sont une débauche. Je hais les chants du déjeuner.

» La médisance est le soulagement de la malignité.

» Il est des âmes limpides et pures où la vie est comme un rayon qui se joue dans une goutte d’eau.

» Chacun est sa Parque à lui-même, et se file son avenir[1] »,

Voilà, pris au hasard, quelques épis dérobés à cette si riche moisson et qui peuvent faire juger du reste. Aussi Joubert toujours si modeste, et poussant à l’excès la défiance de lui-même, a-t-il pu écrire sans présomption : « J’ai donné mes fleurs et mon fruit : je ne suis plus qu’un tronc retentissant ; mais quiconque s’assied à mon ombre et m’entend devient plus sage. »

Rien de plus vrai, nous l’affirmons d’après notre propre et heureuse expérience.

Maintenant, car si sympathique que soit la critique, elle ne saurait abdiquer ses droits non plus que ses devoirs : ne se trouve-t-il point quelques plants d’ivraie, quelques herbes parasites, mêlés à tout ce bon grain ?

  1. Pensées de Joubert (Passion).