Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/80

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torité de son nom lui permettaient d’obtenir le concours de l’Académie des sciences pour Perrier qui possédait dans ses vastes ateliers tous les moyens de préparer des essais en grand ; le résultat cependant fut un insuccès complet et donna pleinement raison à d’Auxiron qui ne cessait d’encourager son ami et, en mourant, lui écrivait d’une main défaillante :

« Courage, mon ami, vous êtes seul dans le vrai. » Jouffroy n’en doutait pas, mais convaincu qu’à Paris pour l’instant l’influence rivale l’emportait absolument, il se retira dans sa province. « Là, plein de foi dans l’avenir, livré à ses seules ressources, n’ayant d’autre guide que ses études persévérantes et d’autres ouvriers qu’un chaudronnier de village, il parvint en 1776, à construire une machine qu’il adapta à un bateau. Ce premier pyroscaphe avait 13 mètres de longueur sur 1 mètre 95 centimètres de largeur. L’appareil nageur consistait en tiges de 2 mètres 60 centimètres de longueur suspendues de chaque côté vers l’avant et portant à leur extrémité des chaînes armées de volets mobiles plongeant de 40 centimètres. Les chaînes pouvaient décrire un arc de 2 mètres 60 centimètres (8 pieds) de rayon et de 95 centimètres de corde (3 pieds) ; un levier muni d’un contre-poids les maintenait au bout de leur course. Une machine de Wast à simple effet, installée au milieu du bateau, mettait en action ces rames articulées. La construction de cet appareil, dans une localité où il était impossible de se procurer des cylindres fondus et alésés, était une œuvre de génie, de courage et de patience ; malgré ses imperfections, il était supérieur à tout ce qui avait été proposé jusqu’alors pour la navi-