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occupations. Sa réputation littéraire et plus encore la popularité que lui avaient mérité sa bienfaisance et l’aménité de son caractère « le désignèrent à toutes sortes de suffrages. On le vit successivement, dit M. de Valenciennes, député de sa section, commandant de la garde nationale, député extraordinaire de la ville d’Agen près l’Assemblée constituante, (etc). Plus d’une fois placé dans les positions les plus délicates, il y porta ces sentiments bienveillants qui faisaient le fond de son caractère et ces formes agréables qui en embellissaient l’expression. »

Ces qualités ne sont pas de celles qu’on apprécie dans les temps de révolution où la violence et la passion seules peuvent se faire écouter des multitudes trop faciles à entraîner, hélas ! Un jour, Lacépède lut avec stupeur, dans un journal, son nom en tête d’un article intitulé : Liste des scélérats qui votent contre le peuple. Par un singulier hasard, ce même jour ou le lendemain, il rencontre dans le jardin des Tuileries l’auteur de l’article qu’il connaissait pour l’avoir rencontré parfois chez un ami commun :

— Vous m’avez traité bien durement ? lui dit-il avec douceur.

— Comment cela ? répond l’autre avec l’air de l’étonnement feint ou réel.

— Vous m’appelez scélérat !

— C’est une manière de parler ! scélérat veut dire simplement qu’on ne pense pas comme nous.

À la bonne heure ! Mais la foule prend à la lettre ces expressions qui, pour les journalistes et les tribuns, ne sont qu’un langage de circonstance, et de là des engoue-