Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/96

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ments irréfléchis comme aussi des haines implacables autant que peu motivées.

Lacépède qui, comme tant d’autres bercés des mêmes et généreuses illusions, n’avait vu dans l’avènement des idées nouvelles que la réforme des abus, consterné, dégoûté par le triomphe de la démagogie et jugeant impossible (pas à tort peut-être) d’en arrêter les excès, résolut de renoncer à la vie publique et se démit de toutes ses fonctions, même de celles de garde du cabinet du roi. Après le décret de la convention du 10 juin 1793, qui obligeait tous les nobles à s’éloigner tout au moins à sept lieues de Paris, il se retira au village de Leuville, près Monthléry, où ses excellents amis, M. et Mme  Gauthier, avaient une propriété.

L’illustre savant put ainsi se dérober à la persécution qui menaçait sa vie et ne sortit de sa retraite que deux années après (1795) quand, par le vote unanime de ses anciens collègues du Jardin des Plantes, il fut appelé à professer la zoologie dans cet établissement. L’année suivante (1796), il fut élu membre de l’Institut. Il s’occupait dès lors de la rédaction du plus important de ses ouvrages, l’Histoire des Poissons dont le premier volume parut en 1798 et le cinquième et dernier en 1803. « En réunissant tout ce qu’il avait appris sur les systèmes organiques des poissons, sur leurs habitudes, sur leur économie, dit M. de Valenciennes, cet éloquent zoologiste avait conçu le plan de son œuvre d’une manière large et élevée. Le talent de l’écrivain a su faire trouver du charme à l’histoire de ces êtres qui semblent nous toucher si peu, n’éveiller par aucun côté notre imagination. Il eut laissé un monument scientifique