Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/97

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exempt de reproches s’il se fût trouvé dans des conditions moins défavorables ; mais il a écrit et composé la plus grande partie de son livre pendant les années orageuses de la Révolution sans pouvoir profiter des recherches des étrangers pas plus que ceux-ci ne pouvaient profiter des nôtres. » De là des lacunes regrettables quoique forcées que devaient plus tard combler Cuvier et Valenciennes.

La haute estime dans laquelle les gens de bien comme les savants tenaient Lacépède, les talents dont il avait fait preuve comme administrateur, le firent appeler, après le 18 brumaire, aux postes les plus éminents et dont il se montra digne. Sénateur en 1799, président du sénat en 1801, grand chancelier de la Légion-d’Honneur en 1803, ministre d’état en 1804, il avait le secret, au milieu de ses occupations si multiples, de n’être jamais ni pressé ni accablé et de conserver toujours sa pleine liberté d’esprit. Un jour l’Empereur lui demandant son secret, il répondit : « C’est que j’emploie la méthode des naturalistes. »

« Ce mot, dit Cuvier, sous l’apparence d’une plaisanterie, a plus de vérité qu’on ne croirait. La méthode des naturalistes n’est autre chose que l’habitude de distribuer, dès le premier examen, toutes les parties d’un sujet jusqu’aux plus petits détails selon leurs rapports naturels. »

« Une chose, ajoute l’éminent biographe, qui devait encore plus frapper un maître que l’on n’y avait pas accoutumé, c’était l’extrême désintéressement de M. de Lacépède. Il n’avait voulu d’abord accepter aucun salaire ; mais comme sa bienfaisance allait de pair avec