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LES RUES DE PAIS.

lielle ne fut pour lui qu’uu moyeu de peindre les pas

sions ^ »

Combien Lesueur n’enviait-il pas l’heureux sort de son camarade Lebrun qui, grâce à la générosité du chancelier Seguier, prodigue pour lui de ses bienfaits et lui ouvrant si largement sa bourse, avait pu suivre Poussin en Italie. Pourtant ce fut peut-être pour notre artiste un bonheur de n’avoir pu réaliser ce rêve et quitter la France. Qui sait s’il ne dut pas à ce contretemps, cause pour lui de si vifs regrets, de rester luimême et de ne pas exposer son talent à perdre quelque chose de sa sincérité, de sa candeur, de son originalité ? M. Vitet est de cet avis et il le dit en meilleurs termes que nous : (( Il ne savait pas que c’était sa bonne étoile qui le retenait loin de cette Italie si belle et si dangereuse. Sans doute il perdit l’occasion de fortes et savantes études ; mais que de pièges, que de contagieux exemples n’évita-t-il pas ! Aurait-il su, comme le Poussin en fut capable, résister aux séductions du présent pour ne lier commerce qu’avec l’austère pureté du passé ? Son âme tendre était-elle trempée pour cette lutte persévérante, pour cet effort solitaire ? N’aurait-il pas cédé ? Et alors que seraient devenues cette candeur, cette virginité de talent, qui font sa gloire et la nôtre, et qui, par un privilège unique, lui ont fait retrouver dans un âge de décadence quelques-unes de ces inspirations simples et naïves qui n’appartiennent qu’aux plus beaux temps de l’art. » Doué d’une âme tendre, porté même à la mélancolie,

  • Miel. Encyclopédie des gens du monde.

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