Page:Bouquet - Recueil des Historiens des Gaules et de la France, 12.djvu/15

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x PRÆFATIO.

de transmarinis partibus ad amo- rem vestri currere fecit. Veni- mus ergo de finibus terrarum , scilicet nostri temporis Salomo- nis audire sapientiam. Sapien- tiam audivimus, templum quod ædificastis aspeximus , orna- menta quæ a vobis oblata sunt et offeruntur vidimus, ordinem ministrorum et ministeriorum attendimus, et merit in illius Australis Reginæ voces erupi- mus, quia media pars non fue- rit nobis nunciata, et quoniam major est sapientia et opera, quàm rumor fuerit in terra nos- tra. Quis enim non miretur ho- minera unum tot et tanta susti- nere negotia , ut et Ecclesiarum pacem conservet, statum re- formet, et regnum Francorum armis tueatur, moribus ornet, legibus emendet ? Mitto, ne lon gus sim, quas ubexteris Regibus, Stephano Angliæ, Rogerio Sici- liæ, Davide Scotiæ, litteras acce- pit Sugerius, officii, benevolentiæ ac summæ existimationis plenas. Homæ autem qu& gratiä et aucto- ritate valuerit , nemo est nisi hospes in historia qui nesciat. Neque porrd sol& nominis celebritate notus erat Romanis , quippè quem familiari- ter adhibuerant , versarentur, summi Pontifices, Pas- chalis II, Calixtus IT, Innocen- tius 11, Eugenius III, eorumque sacer comitatus. Fieri-ne potuit ut ex tam longa hominis consuetudine nul-

dum in Gallia

lus eorum intimos illius sensus ac re- conditos mores introspexerit ? Wah! singulare ac lepidum , id si ita est, Romanæ calliditatis exemplum ! Haudminèscertèstupendus universæ Galliæ stupor , que nefarium æquè ac imbecillem regni Administrum quadraginta et amplis annorum spatio non pertulerit modè patienter, sed continu& veneratione ad obitum usque prosecuta fuerit , maximisque

écrivit à Suger nous apprend le fruit qu'il retira de son voyage. La bonne odeur , lui dit-il, que votre mérite répand en tous lieux, nous a engagés à franchir pour l'amour de vous la mer qui nous sé- pare. Nous sommes donc venus du bout du monde pour écouter la sagesse du Salomon de notre siecle. Nous Pavons ouie cette sa- gesse, nous avons considéré le temple que vous avez construit, les ornemens que vous Javez mis et que vous y mettez , l'ordre que vous avez établi parmi ses ministres, et la discipline que vous leur faites observer dans l'exercice de leurs fonctions. Après avoir satisfait ainsi notre curiosité , nous n'avons pu nous empécher de nous écrier, comme du tems de Salomon cette Reine du Midi, qu'on ne nous avoit pas raconté la moitié de ce que nos yeux ont vu. Car votre sagesse et les œuvres qu’elle produit , sont bien au-dessus de ce que la renommée en débitoit dans notre pays. Et en effet, qui peut ne pas être étonné de voir un seul homme soutenir le poids de tant et de si grandes occupations, maintenir la paix des Eglises, réformer l'État , défendre le Royaume de France par la voie des armes, Pinstruire par ses exemples, le régler par de bonnes loir ? Nous supprimons , pour abréger , les marques de bienveil- lance, d'estime et même d’admiration, ainsi que les offres de service dont étoient remplies les lettres qu'Etienne Roi d'Angleterre, David Roi d’E- cosse, et Roger Roi de Sicile, lui écrivirent. On sait, pour peu qu’on soit versé dans l’histoire, la considéra- tion et le crédit dont il jouit constam- ment à la Cour de Rome. Ce n’étoit pas seulement par la célébrité de son nom qu’il y étoit connu. Quatre Papes, Paschal IT, Calixte II, Innocent II, Eugene IL, et le Sacré College qui les accompagnoit, obligés de traiter fréquemment avec lui, pendant le sé- jour qu’ils frent en France, n’hésiterent point à l’admettre dans leur plus intime familiarité. Seroit-il donc possible qu’a- près un aussi long commerce, aucun d’eux n’eût été assez clairvoyant pour