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notes historiques

Et quelques années après, la Législature passa une loi interdirent la vente des terres de la Couronne aux catholiques. — Bouchette, Brit. Domin. in N. Ameri., 2 vol., appendice V.

Haliburton, après avoir cité la pétition des Acadiens tout au long, ajoute :

« Tel fut le sort de ce malheureux peuple ainsi trompé. Après une revue impartiale des transactions de cette époque, il faut bien admettre que cette expatriation des Acadiens dans des colonies lointaines, avec toutes les marques d’ignominie qui accompagnent d’ordinaire seulement des criminels, était une cruauté ; et quoique, dans ce temps-là, on ne pouvait encore en venir à cette conclusion, il a été bien démontré par des événements subséquents que leur expulsion n’aurait pas été nécessaire. Il parait impossible, dans nos idées de justice actuelle, que l’on doive associer dans une meme punition les coupables de ceux qui ne le sont pas ; ou que toute une population doive souffrir à cause des injustices d’une partie des siens. C’est, sans contredit, une tache à l’honneur des Conseils Provinciaux, et nous n’essaierons pas de justifier ce qui a été condamné par tous les hommes bons et honnêtes. » — His. Nov. Scot., p. 196.


Pour se délivrer de la dépense qu’entraîne le soutien de ceux qui survécurent, le gouvernement leur a offert de les vendre comme esclaves ! Page 271.

On m’a dit qu’une partie de ceux qui avaient été déposés sur le littoral de la Géorgie. Page 272.

Un millier arriva dans la Baie de Massachusetts où ils furent bientôt à la charge du public, à cause de l’antipathie qu’ils conservèrent contre la situation nouvelle où ils se trouvaient ; ils rejetaient pour leurs enfants l’offre qu’on leur faisait de les prendre dans les établissements institués pour les pauvres, considérant cette situation comme trop humiliante. La part destinée à la Pennsylvanie était de quatre cent cinquante, hommes, femmes et enfants. Ils furent déposés à Philadelphie dans la situation la plus déplorable. Le gouvernement de la colonie, pour se délivrer d’une si lourde charge que leur imposait le support d’un si grand nombre de misérables, leur proposa de se laisser vendre ; mais les Neutres repoussèrent avec indignation cette proposition ; soutenant que puisqu’ils étaient prisonniers, on devait les soutenir comme tels, au lieu de leur imposer un travail forcé. Mais malgré la sévérité qu’on avait déployée à leur égard, les Acadiens soupiraient dans leur exil pour leur pays mitai. Ceux qui avaient été expédiés en Géorgie se déterminèrent à retourner chez eux ; après un voyage plein de périls, de détours, le long des côtes, ils avaient enfin atteint New-York, puis Boston ; alors le gouverneur Lawrence expédia des ordres pour les faire saisir, et force leur fut d’abandonner leur dessein. — Haliburton, His. Nov. Sco., page 182.


Je sais qu’un convoi s’est dirigé vers le Mississippi. Page 272.

Lettre des habitants de Port-Royal à M. Daudin leur ancien missionnaire, en date du 31 juillet 1756 :

« Nous bénissons la divine Providence qui, au milieu de nos afflictions, a daigné nous faire savoir de vos chères nouvelles par l’entremise du R. P. de la Brosse, père Jésuite, qui a demeuré quelque temps avec nous à la Rivière Saint-Jean… Vous saurez, monsieur, qu’après avoir reçu dans l’église votre dernière absolution générale, nous partîmes trente députés du Port-Royal pour Chibouctou (Halifax), et après plusieurs interrogatoires du gouverneur et autres puissances, sur le parti que nous voulions prendre pour l’État et la religion, et voyant que nous étions résolus de plutôt mourir que de renoncer à notre religion et à la France, notre véritable patrie, on nous a relégués neuf semaines sur une île, ne nous donnant par jour que deux onces de pain et une once de viande, espérant par là nous réduire et nous faire changer de sentiments. Mais inutilement, grâce à Dieu. Ainsi désespérant de nous faire changer, ils nous ont fait conduire par des soldats jusqu’à Port-Royal, comme des criminels, ont mis le feu à nos maisons et ont fait embarquer les habitants qui ne s’étaient pas sauvés dans les bois (il s’en était sauvé neuf cents personnes).

« Le reste des habitants a embarqué dans six navires ; le 4 décembre, cinq de