Page:Bourdaret - En Corée.djvu/354

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

celui-là — et on aperçoit un certain nombre de roues hydrauliques, installées sommairement pour actionner des pilons ou des moulins.

De nouveau, nous voici occupés à gravir de nombreux cols ; la route, mauvaise, est taillée dans les schistes qui redeviennent la roche dominante.

Le village où je voulais m’arrêter étant par trop misérable, je pousse plus loin espérant trouver à Son-go, en dehors de la route, un gîte convenable.

Lorsque j’arrive aux premières chaumières, j’aperçois des gens ivres accroupis devant une maison dont on vient de poser la toiture, et par conséquent d’installer l’esprit gouverneur de la construction. Pour cette cérémonie sorcier et alcool ne font jamais défaut, comme on le sait.

Je demande une auberge, et l’on me répond qu’il n’y en a pas, le village n’étant pas sur la route. Alors je veux absolument loger dans cette maison, toute neuve. Mais on m’explique, au milieu des divagations des ivrognes, que c’est chose impossible, et je comprends enfin que la présence d’un Européen dans une maison où l’on installe l’esprit tutélaire est un mauvais présage. Cela pourrait détruire le charme ; aussi je me décide à retourner sur la route et à continuer jusqu’au premier grand village.

Nous arrivons à Hong-son-houeun, exténués de fatigue par cette longue journée. Nous trouvons heureusement un gîte convenable, au fond d’une cour littéralement remplie de chevaux qui font toute la nuit un bruit infernal. À côté de nous, des mapous se racontent d’interminables histoires ; mais, — grâce à l’habitude, et à la bonne fatigue — malgré ces bruits nous nous endormons rapidement.

Hong-son-houeun est un gros bourg dont les