Page:Bourdaret - En Corée.djvu/360

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visite. Malheureusement, elle n’est pas là, et j’en profite pour visiter l’autel.

À gauche de la route s’élève un petit pavillon, simple observatoire dallé, d’où les voyageurs peuvent contempler la dégringolade du chemin, les moutonnements des collines schisteuses de cette barrière, enfin gravie, et la ligne des poteaux télégraphiques.

Il n’y a de remarquable que le bon état du chemin, refait complètement depuis cette année, ce qui va certainement diminuer les recettes de la sorcière : les craintes de chutes, le long de l’étroit sentier d’autrefois, disparaissant toutes.

Voici le temple, et à côté la maison d’habitation de la gardienne. Dans l’espoir d’une découverte intéressante, je pénètre dans le sanctuaire qui, ma foi, ne répond guère à son renom.

Une modeste chambre, délabrée, sert de chapelle. Derrière un vieux rideau de gaze rouge, l’autel m’apparaît formé d’une planche supportant deux pots de fleurs… en papier, et contre les murs des images enluminées de Sane-sine, de vieillards assis sur des tigres, de cavaliers caracolant, complètent l’ameublement du sanctuaire. J’oublie cependant, en avant de l’autel, sur un petit tabouret, des feuillets de calepins, des cartes de visite sur lesquelles sont dessinés des caractères coréens qui attirent mon attention. Pour que le vent n’emporte pas ces prières, ces noms, destinés au Sane-sine, un vieux brûle-parfum en cuivre les recouvre, ainsi que deux ou trois soucoupes en porcelaine.

Il faut la foi de ce peuple bon enfant pour se prendre aux sornettes de la sorcière devant un étalage aussi misérable de mobilier et d’autel. J’em-